Tales from the Gimli Hospital

Un film de Guy Maddin

Canada - 1988 - film en noir et blanc de 72 minutes.VO anglaise, sous-titres français.

Sortie en salles : 11 mars 1997

DVD du film - Bientôt disponible

+ d'infos
Noir&Blanc, 1988, 72 minutes, VO anglaise, sous-titres français DVD digipack.

Bonus:
• audio-commentaire du film par Guy Maddin
• deux courts métrages : "The Dead Father" (25 min) et "Hospital : Fragment" (4 min)
• deux déroulants : le winnipeg film group et le manifeste pour de meilleurs films
• bande-annonce de "The Saddest Music in the World" programme disponible en vo et vostf

Einar, un pêcheur solitaire qui contracte la variole est admis au Gimli Hospital. Il y entre en compétition avec son voisin de chambre Gunnar pour attirer l’attention des infirmières.

Tales of the Gimli Hospital

À propos du film

“Tales from the Gimli Hospital”, le premier long métrage de Guy Maddin, révèle d’emblée un metteur en scène hors du commun.

Des premiers films de David Lynch à ceux de Bunuel, de Sternberg à Cocteau, les références n’ont pas manqué pour tenter de cerner ce film d’une grande originalité. Repéré aux Etats-Unis par Ben Barenholtz, le découvreur de Jodorowsky, Lynch, Romero ou des Frères Coen, cette oeuvre explore la folie et la jalousie qui s’installent entre deux hommes qui ont chacun à leur manière, aimé la même femme.

Le journal du Cinéma – Canal Plus: “Un cinéma qui ne ressemble à aucun autre, mélange de fantaisie surréaliste, de poésie macabre et de rêveries esthétiques. “[/su_tab] [su_tab title=”Propos de Guy Maddin”]C’est à Gimli, petit village de pêcheur de deux mille habitants situé à une centaine de kilomètres au nord de Winnipeg, que se trouve la plus importante communauté islandaise immigrée. The Gimli Saga, livre d’autopromotion publié dans les années soixante par un association féminine locale, a donné à Guy Maddin l’idée de créer sa propre saga dans laquelle il a recensé avec soin les coutumes islandaises les plus étranges. Gimli, cet endroit où les habitants boivent leur café un morceau de sucre entre les dents; où les hommes se nettoient la figure avec des feuilles et où les femmes les aiment ainsi; où Gunnar perpétue cette coutume ancestrale qui consiste à découper des formes de poissons dans des morceaux d’écorce puis à les contempler pendant des heures; où les entrailles des poissons sont utilisées pour se coiffer. ‘La représentation de cette dernière coutume est probablement un peu tirée par les cheveux’ admet Guy Maddin, ‘mais la plupart des coutumes montrées dans le film sont basées sur la réalité’. Un des moments forts du film étant la reconstitution d’un combat de glima, variante du sumo.

La grand-mère de Guy Maddin faisait partie de ces émigrants islandais, contraints de fuir leur pays dans les années 1870 après une série de catastrophes naturelles. ‘La moitié de ces émigrants est allée au Brésil, l’autre moitié s’est retrouvée dans cet endroit qui fut appelé Gimli (littéralement: la merveilleuse antichambre du ciel) en novembre 1875, trop tard dans l’année pour commencer à cultiver la terre. Les colons ont subi à leur arrivée l’hiver le plus froid des annales et un été avec de la neige en juillet. Ils ont également réalisé que leurs filets de pêche, conçus pour les poissons de l’océan, étaient trop grands pour ceux du lac Winnipeg. ‘Lord Dufferin a promis une pièce de 5 dollars au premier islandais qui en attraperait un. Je crois qu’il est mort avec. Certains bateaux sont partis en octobre, et revenus à Noël sans le moindre poisson. Puis ces malheureux ont dû affronter une épidémie de peste bubonique qui dura cinq années et tua mille deux cents personnes. C’était horrible. Je ne veux pas manquer de respect, mais ils sont passés par tant de problèmes que cela me semblait presque drôle quand je lisais leurs périples. Et tout comme les pionniers du cinéma américains ont transformé leur histoire en mythe, avec un profond mépris des plus sains pour la vérité historique, je me suis demandé à quoi aurait ressemblé un film de cette époque sur l’histoire de Gimli.’ Mais si la peste a frappé le village en 1875, pourquoi les infirmières qui entourent le docteur pionnier (interprété par Guy Maddin) sont-elles habillées comme des jeunes femmes des années vingt? ‘Parce que je les aime bien comme ça. Et parce que c’est mon film.’

Le tournage s’est étalé sur dix mois, Guy Maddin travaillant lorsqu’un comédien était disponible, ou quand l’envie lui venait. Les comédiens étaient la plupart du temps filmés un par un: ‘j’étais alors un débutant et c’était vraiment mieux ainsi pour mes nerfs. J’ai bien sûr dû tourner certaines scènes avec plusieurs acteurs, mais j’essayais de me débarrasser d’eux le plus rapidement possible, je savais que je n’étais pas préparé psychologiquement à les entendre rouspéter et dire à quel point tout ça était ennuyeux.’ Ainsi, les deux personnages principaux qui semblent passer la plupart du temps ensemble ne se sont rencontrés que deux fois à l’occasion du tournage. ‘J’appelais Kyle et l’invitais pour la soirée. Il apportait un pack de bière, on regardait un film à la tv et tournions la scène vers deux heures du matin’. N’ayant qu’un minuscule budget de 22.000 dollars canadiens (environ 75.000 francs), Guy Maddin a pu faire son film en toute liberté, à l’abri de toute contrainte. ‘Mon seul sujet de préoccupation était en fait ma mère. J’ai profité qu’elle et ma tante prennent leur retraite et ferment leur salon de coiffure pour utiliser cet espace comme décor de l’hôpital. Ma mère était un peu fatiguée du foin et des filets de pêche qui traînaient partout, d’autant plus que le tournage a duré un peu plus des deux mois originellement prévus.’

Le film n’a pas été très bien accueilli à Gimli: “Il représente les gens du pays comme des barbares’ a déclaré le maire. ‘Un jour, j’ai acheté un journal qui titrait à la une: Effervescence à Gimli. Le maire est allé jusqu’à assurer au reste du monde que les gens de Gimli n’ont pas de tripes de poissons dans les cheveux, et plusieurs personnes se sont plaintes du blasphème qui avait été porté à leurs légendes. Mais tout ça était plutôt le bienvenu, ça nous a fait des tonnes de publicité gratuite.”

Aux États-Unis, le film est repéré par Ben Barenholtz, qui a fait découvrir de nombreux films aujourd’hui cultes en les programmant aux séances de minuit dans son cinéma à New-York. Citons entre autres El Topo de Alexandro Jodorowsky, Eraserhead de David Lynch, Pink Flamingos de John Waters, Martin de George Romero ou The Harder They Come (Tout, tout de suite) avec Jimmy Cliff. Il a distribué de nombreux autres films, comme Sang pour sang des frères Coen ou Return Of Secausus Seven de John Sayles. ‘Je n’ai rien vu d’aussi original depuis Eraserhead. Il y a dans Tales From The Gimli Hospital une sensibilité à part, un sens plutôt étrange de l’humour”.