Goodbye Mister Christie

Un film de Phil Mulloy

Angleterre - 77 min - couleur - 2010

Sortie en salles : 4 janvier 2012

Affiche -

4,00 10,00 

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Affiche L 40 x H 60 ou L 120 x H 160

DVD du film -

14,00 

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Film et bonus disponibles en VO et VOSTF.

Bonus : interview de Phil Mulloy / court-métrage "Flik Flak" / teaser du long-métrage inachevé "Mirrorland" / extrait du 2e épisode de la trilogie Christie "Dead but not Buried"

Les Christie vivent à Wellington Green, pittoresque village anglais avec son église, son étang et son terrain de cricket. Si M. Christie est en apparence un parfait gentleman à l’accent aristocrate, il se révèle vite arrogant et égoïste.

Un jour, Ramon arrive. Ce marin français fraîchement débarqué émet une étrange et envoûtante mélodie ; mélodie qui séduit toute la famille Christie, la mère, le père… Quand la télévision s’en mêle, la vie des Christie s’en trouve changée à jamais…

Après les onze courts métrages des “Christies”, “Goodbye Mister Christie” nous mène de la banlieue ornée de jardins jusqu’en enfer et même au-delà.

C’est le premier long métrage de la nouvelle trilogie de Phil Mulloy.

Festival du Film d’Animation d’Annecy – Hors-Compétition (juin 2011)

Goodbye Mr Christie

La presse

Un scénario sacrément frappé (…), le tout posé sur une animation minimaliste et des voix robotiques qui appuient encore l’étrangeté de l’ensemble. A voir.
Studio CinéLive

(…) l’histoire de la famille Christie, qui éclate, façon Théorème, avec l’arrivée d’un marin français aussi séduisant que l’étrange visiteur de Pasolini, est caustique, notamment grâce aux dialogues.
Télérama

Graphisme naïf et imagination délirante s’y conjuguent au service d’un humour féroce, digne d’Alfred Jarry.
Le Monde

C’est sarcastique, brut et très beau.
Libération

Propos de Phil Mulloy

Venant de la peinture, Phil Mulloy était à la fin des années 70 l’un des jeunes espoirs du cinéma britannique. Mais il a abandonné cette voie après deux longs-métrages et quelques courts, mû par un profond désir d’indépendance que la lourdeur d’une production cinématographique classique contrariait. Il s’est ainsi mis à créer des films d’animation tout de suite reconnaissables à leur style et à leur ton; des films qui ont fait le tour des festivals internationaux et qui lui ont forgé une grande réputation. Si avec “The Christies” Phil Mulloy est toujours fidèle à sa veine caustique, il change cependant radicalement de style, adoptant des couleurs vives quand ses films précédents étaient faits dans une grande économie de couleurs (la plupart d’entre eux étant d’ailleurs en noir et blanc), l’utilisation de l’ordinateur alors qu’il faisait du dessin sur papier, et des dialogues ininterrompus alors qu’il nous avait jusqu’à présent habitués à une narration essentiellement visuelle. “Goodbye Mister Christie”, le premier long-métrage de Phil Mulloy (et le premier d’une trilogie) a reçu entre autres prix le Grand Prix au festival d’Ottawa, un des plus importants festivals de cinéma d’animation. Il avait notamment comme concurrent pour l’occasion “L’Illusionniste” de Sylvain Chomet, film qui est radicalement à l’opposé du sien sur le plan des moyens engagés aussi bien pour la production que pour la diffusion.

C’est en peignant que j’ai commencé ma carrière artistique. J’avais alors l’impression d’être capable de tout. Mes premières peintures étaient assez proches de ce que j’ai fait plus tard en animation entre la série “Cow-boy” et “Intolérance”. Et puis le fait d’être dans une école, d’être au courant de tout ce qui se passait en matière d’art, de savoir ce qui a du succès et ce qui n’en a pas, ce que les gens ou les galeries attendent, d’être constamment poussé à s’adapter à la tendance du moment, m’ont fait perdre l’enthousiasme et la spontanéité que j’avais avant d’entrer à l’école.

Après l’école d’art, j’ai fait une école de cinéma et réalisé au cours de mes études des films très influencés par le cinéma underground américain. Puis j’ai suivi les cours de Noël Burch, qui m’a poussé vers la narration. Mais construire une trame narrative n’était pas facile pour moi, j’avais le sentiment d’une lutte perpétuelle. Je ne suis jamais parvenu à résoudre le dilemme entre la poésie de l’image et le caractère utilitaire de la narration. Je travaillais dans les conventions tout en me débattant contre elles et je pense que si je ne suis pas satisfait de mes films de fiction, c’est à cause de cela. J’avais pourtant trouvé une démarche formelle qui me plaisait. Mes films étaient marqués par des réalisateurs comme Bresson ou Godard. Passer du long-métrage de fiction au court-métrage d’animation m’a fait beaucoup de bien, même si en général c’est l’inverse qui se produit. Et puis trouver de l’argent est si pénible, c’est vraiment l’attente perpétuelle.

Au moment où j’avais commencé mon école de cinéma je m’étais mis à beaucoup écrire. Ce n’était pas mon langage naturel. Jeune, j’avais toujours été habitué à dessiner et à peindre, mais j’avais arrêté en entrant dans cette école. Je n’en éprouvais plus le besoin. Mais quand j’ai recommencé, j’ai eu comme l’impression d’être un poisson qui se retrouvait dans l’eau après avoir passé tant de temps dans un pays sec. J’ai réalisé à quel point cela m’était nécessaire, à quel point il était plus facile pour moi de communiquer en utilisant un langage imagé, plutôt que d’écrire, de faire des dialogues, de mettre des mots dans la bouche des acteurs. Et ainsi la vie est devenue beaucoup plus agréable. J’étais débarrassé de ce travail pénible qu’était pour moi l’écriture.

Après avoir décidé d’arrêter de faire des films de fiction, j’ai passé deux ans sur deux films sans arriver à ce que je voulais. J’allais au studio, avec en tête l’idée motrice du film. Mais un jour je prenais un crayon et dessinais d’une certaine façon, le lendemain j’utilisais du charbon, le jour suivant de la peinture… J’ai ainsi essayé de nombreuses techniques, et une des caractéristiques esthétiques de mon premier film est cette accumulation des différentes techniques de dessin et de représentation des choses. Essayer tout ça m’a certes donné beaucoup de liberté, mais je n’étais pas satisfait car je voulais avant tout raconter des histoires et ces films étaient, de par leur structure, poétiques. Et puis un jour le Arts Council a fait un appel à projets. Je me suis assis à mon bureau et j’ai écrit la série “Cow-boy” en une après-midi. Puis j’ai fait le story-board très rapidement. C’est sorti tout seul, sans réflexion consciente, avec la simple volonté de faire les choses différemment.

Me mettre à l’animation avec cette nouvelle approche m’a donné l’impression de retrouver toute l’excitation que j’avais avant d’entrer dans mon école d’art. C’était étrange de se retrouver à 40 ans à faire ce que je faisais à 17 ans. Que s’était-il passé entre-temps ? J’ai véritablement eu besoin de me réinventer. Si j’avais cessé de peindre, c’est parce que chaque toile demandait trop de temps, chaque image avait trop d’importance. Il y avait trop d’enjeu à chaque fois et cela m’était pénible. Passer à l’animation a été très libérateur, car le dessin que vous êtes en train de faire n’est pas plus important que le suivant, c’est la relation entre les images qui compte, plutôt que les images elles-mêmes. Et cela me permet de faire plein de dessins sans m’attarder sur chacun d’entre eux. C’est l’insignifiance de chacun de ces dessins qui m’a permis de créer une signification.

J’ai volontairement cherché à me débarrasser de toute influence au moment de l’ébauche de mon univers. Il m’est ainsi difficile de citer un courant artistique particulier, de dire d’un artiste: “celui-là m’a influencé plus que n’importe quel autre”. Je voulais que mon style soit aussi simple que possible, qu’il brille, d’une certaine manière, par l’absence de sa technique artistique. Et éviter absolument ce que beaucoup font dans l’animation, à savoir de copier volontairement le style d’un film ou d’une oeuvre quelconque. Il y avait sûrement des influences, il se peut très bien que vous ouvriez un livre et que vous tombiez sur quelque chose qui ressemble aux personnages que je dessinais à cette époque. Mais il n’y a pas eu de démarche consciente de ma part dans l’élaboration de mon style. Ayant fait des études d’art, et ayant été confronté à l’art occidental depuis ma petite enfance, j’ai été de manière évidente influencé par l’art du XXème siècle. Mais il s’agit d’un ensemble très vaste, pas de quelque chose de spécifique. Je m’intéressais cependant beaucoup à l’art mexicain et à l’art brut à l’époque où j’ai commencé à faire des films d’animation, mais ce n’est que plus tard que j’ai pris conscience de la relation entre l’art mexicain et mes films. Je voulais avant tout parvenir à quelque chose de très simple, de très direct. Il s’agissait de dessiner de petits bonshommes, et comme je ne voulais pas passer trop de temps à animer mes dessins et que je ne suis pas très doué pour ça, j’ai cherché la solution la plus simple. La façon dont je fais mes films et dont je les monte vient de ma volonté de contourner les problèmes liés à l’animation. Si ce que je suis en train de faire s’avère trop difficile, je me débrouille autrement. La forme a ainsi découlé de la fonction. Il ne s’agit pas d’une esthétique réfléchie que j’ai ensuite couchée sur du papier. L’esthétique a été le résultat de mon désir de faire quelque chose de spontané et d’intuitif. Je dessine un peu comme on écrit, je fais quelque chose qui va à contre-courant de ce qu’est l’art, avec sa recherche formelle. Je suis plus intéressé par le contenu, et par la façon purement fonctionnelle de le faire passer au public. Mon passé de cinéaste de films de fiction a également joué un rôle : les personnages y bougeaient très peu, le mouvement venait de la relation entre les plans. Mes films d’animation fonctionnent de la même façon, alors que dans le cinéma d’animation le mouvement se produit en général à l’intérieur du plan. C’est ce qu’aiment tant les gens dans l’animation d’ailleurs, voir les choses se transformer réellement sous leurs yeux.

Avec la série des Christie s’affirme mon désir d’aller plus loin, aussi bien dans l’indépendance que dans l’anti-art. Une série de onze épisodes m’a permis de présenter cette famille, dont l’histoire se développe dans une trilogie de longs-métrages. “Goodbye Mister Christie” et “Dead but not Buried” sont déjà finis, reste à faire le dernier. J’ai eu après la trilogie “Intolérance” , qui constituait d’une certaine manière, déjà, un long-métrage, un projet de véritable long-métrage avec un financement ambitieux et un studio. Mais ce projet n’a jamais abouti, il n’en existe qu’une bande-annonce. Les Christies a été en quelque sorte une réaction à cette expérience, mais aussi une manière de patienter en attendant de trouver les fonds nécessaires à la production de cet autre film. J’ai pris une mâtinée pour dessiner environ quatre-vingts profils, ceux des personnages des films de la série. Et c’est ma seule intervention artistique. Les papiers peints qui constituent les décors sont des motifs trouvés sur internet, que j’ai parfois retravaillés lorsque que la résolution n’était pas d’une qualité suffisante. Si j’avais auparavant collaboré avec des compositeurs comme Keith Tippett, Peter Brewis et Alexander Balanescu, je “compose” moi-même la musique de cette série, sans aucune formation, en appuyant sur les touches d’un clavier. La seule dépense que j’ai engagée est l’achat très bon marché, sur internet, de voix synthétiques. J’entre le texte dans un programme, je choisis une voix, et mes personnages se mettent à parler. Les dialogues ont pris une importance démesurée et c’est un grand plaisir d’imaginer toutes les situations que va traverser cette famille, à agencer les différents rebondissements… J’aime de nouveau travailler l’écrit, je ne m’y suis jamais senti aussi à l’aise. Le travail visuel, quant à lui, est effectué dans une grande économie de temps et de moyens.

C’est important pour moi de montrer qu’on peut faire les choses autrement. Si mes premiers films d’animation ont été faits avec très peu d’argent, j’usais cependant de mes compétences de dessinateur. Avec cette nouvelle série qui réduit pratiquement à néant l’investissement financier, je montre qu’il n’est pas nécessaire d’avoir un savoir et que l’envie est un moteur suffisant – voire le principal. Quant à la diffusion, je souhaite avant tout montrer mes films là où sont montrés les films commerciaux qui touchent un large public. Les circuits élitistes tels que les musées ou les galeries ne m’intéressent pas. Ce qui m’intéresse, c’est cette coexistence avec un cinéma fait selon les conventions financières, techniques et artistiques et d’y introduire quelque chose de différent. On est de plus en plus poussés à se conformer, c’est la prédominance d’Hollywood, et il est de plus en plus nécessaire de faire les choses différemment ; et de faire des choses différentes. Ma vision est subjective, elle peut très bien ne pas être du goût de tous, mais même si c’est le cas, et ça l’est sûrement, il ne faut pas laisser juste une ou deux voix s’exprimer. Car si tout se réduit à une vision uniforme du monde, et que cette vision se fait passer pour ce qu’est le monde, alors je pense qu’on fait fausse route.

Je tiens d’autre part à insister sur le fait que, si j’ai peut-être moins foi en l’humanité que lorsque j’étais plus jeune, je suis avant tout quelqu’un d’optimiste.Je crois que quiconque produit quelque chose est optimiste, car le fait de dire “j’existe”, “je vais produire quelque chose dans ce monde”, crée une énergie. Pour moi, c’est ça l’optimisme. Si j’étais pessimiste, je ne ferais rien. Et je ne veux pas rendre les gens pessimistes. Je ne cherche pas à les faire réfléchir sur la condition humaine, sur le comportement de l’homme envers ses semblables. Je bâtis un univers dans lequel vivent des gens, avec l’envie d’en faire ressortir l’aspect comique. L’humour est très important pour moi, car mes films sont acides et cela me permet de faire avaler la pilule plus facilement. Je pense aussi que montrer aux gens qu’on peut faire des films si facilement à partir de rien est un message d’optimisme, qu’on peut penser différemment et continuer à s’exprimer.

Biographie de Phil Mulloy

Né à Wallasey, dans le Cheshire, Phil Mulloy étudie la peinture au Ravensbourne Art College dans le sud de Londres. Il se tourne vers la fiction et la télévision après avoir réalisé un court métrage d’animation grâce auquel il est admis au Royal College of Art. Diplômé en 1971, Mulloy travaille comme scénariste et réalisateur jusqu’à la fin des années 80, notamment avec Keith Griffiths, producteur des frères Quay et de Patrick Keiller. Puis il part vivre au Pays de Galles, dans une étable réaménagée, non loin de Carmarthen, et se consacre à plein temps à l’animation.

La force et l’intensité de l’imagerie de Phil Mulloy ne fait pas seulement de l’animation une forme d’expression unique, elle révèle son auteur comme critique perspicace de l’inégalité, de l’hypocrisie et du conflit sous-jacent de la vie contemporaine.

Auteur de la trilogie Intolérance et de nombreux courts métrages dont certains ont été réunis dans Mondo Mulloy, Phil Mulloy, l’enfant terrible de l’animation, nous revient avec une comédie noire Goodbye Mister Christie qui décrit la vie quotidienne d’une famille de psychopathes. Il s’en prend comme aucun autre, avec esprit et perspicacité, à l’hypocrisie et aux côtés pitoyables et dérisoires de la vie. Le film a remporté en 2010 le grand prix du long-métrage au festival d’animation d’Ottawa.

Phil Mulloy est un réalisateur aux films d’animation multi-primés dans de nombreux festivals. Graphisme épuré et minimaliste, dessin à l’encre, humour acerbe et brutal telles sont les marques de fabrique de ce cinéaste britannique. Ses films, croqués comme de petites fables de trois à cinq minutes, sont un antidote aux films d’animation sentimentaux et infantiles. Le cinéaste nous y fait part de ses observations sur la nature humaine sous ses aspects les plus misérables avec toujours la problématique récurrente de l’identité sociale et sexuelle.

Phil Mulloy en interview sur France Inter