Totò qui vécut deux fois

Un film de Ciprì et Maresco

Totò Che Visse Due Volte - Sicile, 1998, 35mm, n&b, 95min, 1:1,85

Sortie en salles : 10 juin 2009

Affiche -

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Affiche L 40xH60 ou L 120 x H 160

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DVD digipack. VO italienne ou VOSTF.

Bonus : bande-annonce de "L'Oncle de Brooklyn"

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Un obsédé sexuel qui est prêt à subir toutes sortes d’humiliations pour satisfaire ses envies et s’introduire dans la maison de la prostituée itinérante qui séjourne quelques jours dans le village, un vieil homosexuel qui aimerait assister à la veillée funèbre de son amant mais craint les foudres de sa belle-famille, un messie local errant dans la campagne, quelque peu enclin à prêcher et à faire des miracles. Tels sont les trois héros de ce film farfelu et grotesque.

Toto qui vécut deux fois

Le film

“Toto qui vécut deux fois” a été montré en sélection officielle à Berlin en 1998 et interdit en Italie avant même sa sortie: “Ce film est une attaque contre le sacré, contre l’homme. Rien ne peut être coupé. Il s’agit d’un non message, inutile et pervers, totalement négatif” a déclaré l’un des censeurs. Ce à quoi les réalisateurs répondent: “Notre film est un film religieux avec un sens du sacré tout autre que le blasphème. Certes, notre messie est de Palerme, il n’a rien de traditionnel.” De nombreux cinéastes, fervents admirateurs de l’œuvre de Ciprì et Maresco, les ont beaucoup soutenu au moment du procès ; Bernardo Bertolucci, Marco Bellocchio, Fernando Solanas, Mario Monicelli, Guiseppe de Santis et Mario Martone par exemple.

Les réalisateurs

Ciprì et Maresco, enfants terribles du cinéma italien, sont considérés comme les cinéastes les plus originaux de leur pays. Fermement révoltés contre la médiocrité du cinéma italien contemporain, ses comédies hypocrites et narcissiques au flot ininterrompu de paroles, et surtout ses films politiques qui se veulent dénonciateurs de l’injustice. Les deux réalisateurs, qui rejettent les paresses narratives, ne sont pas préoccupés par l’écriture d’un scénario bien construit et porteur de sens. Ils privilégient l’improvisation, les longs plans fixes, les silences, le noir et blanc, les dialectes, les paradoxes et provocations.

Revendiquant l’influence du cinéma classique hollywoodien (John Ford, Howard Hawks, Laurel et Hardy), et manifestement imprégnés des films de Pasolini et de Bunuel, Ciprì et Maresco font ensemble, depuis 1986, des films qui baignent dans la culture populaire de leur ville, Palerme, et dans lesquels on retrouve cet humour si caractéristique empreint d’une dimension tragique et métaphysique (voir par exemple Pirandello).

La presse

Ce film est un des meilleurs de la décennie. Un film sublime interdit en Italie après avoir mis dix ans à sortir en salles.
Libération

Une mise en scène admirable, l’usage d’un élégant noir et blanc, des cadrages dignes du cinéma classique hollywoodien et une atmosphère de fin du monde qui fait de la Sicile de Totò l’image ultime de notre monde contemporain. Corrosif, burlesque et érotomane, ces deux cinéastes impressionnent.
Les Inrockuptibles

Monstrueux et blasphématoire, le cinéma de Ciprì et Maresco est une sorte de bras d’honneur adressé, à l’Italie berlusconienne. Une curiosité à découvrir pour les amateurs d’objets sulfureux et de radicalité esthétique.
Le Monde

En ces temps de provoc planifiée et aseptisée, l’entreprise malsaine et subversive de Ciprì et Maresco relève d’un mauvais genre plus que jamais salutaire.
Les Cahiers du Cinéma

Travaillant une esthétique minimaliste faite d’un noir et blanc contrasté, les auteurs envoient de leur Sicile natale un cri de rage qui n’est pas prêt de s’éteindre.
Positif

Dérangeant, mal aimable, cruellement beau… et horriblement indispensable.
Première

Un film affreux, sale et méchant et terriblement jouissif, à ne pas laisser entre toutes les mains. Filmé dans un noir et blanc granuleux, ce film séduit tout autant par son culot que par la haute qualité artistique de l’ensemble.
Studio Ciné Live

Le film est un pur bloc d’étrangeté acide et inclassable, un film littéralement monstrueux, porté par une puissance figurative sidérante.
Chronicart

C’est un cinéma que les grolandais Gustav de Kervern et Benoît Délépine ne renierait pas. On ne peut pas dire que l’on voit ça toutes les semaines. Totò qui vécut deux fois mérite d’être vécu !
Brazil

Censuré il y a onze ans la veille de sa présentation à la Mostra de Venise pour son côté blasphématoire, il faut aujourd’hui voir ce Totò, le film le plus iconoclaste de l’année.
Le Figaro
Provocation antireligieuse ? Les deux réalisateurs Daniele Ciprì et Franco Maresco visent plus haut, là où le grotesque rejoint le sublime. Voilà un évangile hallucinant. Pasolini, à côté, c’est un enfant de chœur !
Le Canard Enchaîné

Un film singulier qui évoque l’âge d’or d’un certain cinéma italien, irrévérencieux, burlesque et sexuellement troublant, aux accents pasoliniens.
D-Side

Il est moins question de choquer le bourgeois ou de cracher sur la religion que de trouver du sacré dans l’impur. Ciprì et Maresco superposent les époques selon un principe proche de l’uchronie pour dépeindre un univers entre la beauté antique et la crasse ordurière.
Excessif/DVDrama

Totò qui vécut deux fois est ainsi, plus que la bizarrerie de l’année, l’un des films les plus fous, libre et énervé qu’il nous ait été donné de voir depuis fort longtemps.
Fluctuat

Formellement magnifique, le film provoque pour secouer son spectateur, et faire percer, derrière la franche rigolade, le sentiment de l’absurde et du tragique.
Critikat

Blasphématoire, obscène et formellement sublime, ce Totò, l’anti-héros est une obligation cinéphilique pour tout amateur de curiosité formidable qui se permet d’oser !
A voir A lire

Entre l’asile psychiatrique, les routes désertes et les chemins de traverse, voici une ballade cocasse à l’ombre bienveillante des grands réalisateurs, Pasolini en parrain spirituel.
Culturopoing

On est devant une œuvre transgressive, surréaliste, parfois drôle, souvent cruelle, qui a sa place sur les écrans et qui demande notre considération.
Le Club des Monstres

La crasse au service de l’impolitiquement correct, un film perturbant, original et étrange à voir sans tarder.
Altritaliani.net

Révoltés contre la médiocrité de la production cinématographique italienne, le duo de réalisateurs exprime avec acidité et humour, la cohérence libertaire de leur univers visuel et narratif.
L’Officiel des spectacles

Ciprì et Maresco sont deux monstrueuses figures du cinéma italien ancrées dans le terreau sicilien, et totalement méconnues en France.
Jacques Mandelbaum – Le Monde

« Il ne fait pas de doute que le binôme Cipri/Maresco demeure la seule apparition notable dans le désert du cinéma italien des années 90. » Olivier Père – Les Inrockuptibles

« Totò qui vécut deux fois est soigné comme du Sokourov et sale et méchant comme une poubelle. » Édouard Waintrop – Libération

« Contrairement à de nombreux créateurs qui paraissent souvent singuliers à un simple niveau anecdotique, Ciprì et Maresco font réellement office de démiurges bâtissant un univers clos et cohérent à nul autre pareil. Une œuvre à découvrir impérativement. » Raphaël Bassan – Bref

Voilà une œuvre évidemment, et intensément cinématographique : sens fordien du cadre, utilisation magnifique du noir et blanc et de la lumière, idées toujours justes et inattendues de la mise en scène, rigueur et cohérence formelles coexistant avec un sentiment de liberté, d’improvisation au sens musical du terme. Les Cahiers du Cinéma

La censure

“Je dois confesser, du fond du cœur, ma tristesse et mon malaise devant un tel cinéma dénué de toute forme de sentiment et de valeurs. Dans quelle société vivons-nous ? ‘Pourquoi produit-on donc de tels films ?’ devrait être le cœur de la question. C’est quelque chose qui est profondément contre l’humanité, la société et les valeurs fondamentales de l’homme et je pense que dans un cas comme celui-ci la censure totale est nécessaire. Et en ce qui me concerne je n’irai pas voir ce film car je sais déjà de quoi il est question et je ne veux pas salir mon regard.” Franco Zeffirelli

Totò qui vécut deux fois a été montré en sélection officielle à Berlin en 1998 puis interdit en Italie avant même sa sortie: “Ce film est une attaque contre le sacré, contre l’homme. Rien ne peut être coupé. Il s’agit d’un non message, inutile et pervers, totalement négatif” a déclaré l’un des censeurs. Ce à quoi les réalisateurs répondent: “Notre film est un film religieux avec un sens du sacré tout autre que le blasphème. Certes, notre messie est de Palerme, il n’a rien de traditionnel.” Daniele Ciprì et Franco Maresco ont subi des attaques très sévères de la part de nombreuses personnes qui avouaient même publiquement ne pas avoir vu le film. Leonardo Ancona, psychologue et président de la commission de censure, a déclaré que le film était une offense contre le peuple italien et contre l’humanité tout entière; et que Ciprì et Maresco étaient deux psychopathes qui haïssent le monde.

De nombreux cinéastes, fervents admirateurs de l’œuvre de Ciprì et Maresco, les ont beaucoup soutenu au moment du procès ; Bernardo Bertolucci, Marco Bellocchio, Fernando Solanas, Mario Monicelli, Guiseppe de Santis et Mario Martone par exemple. L’interdiction pure et simple du film a créé un grand scandale en Italie, et la conséquence première en a été l’abolition de la censure cinématographique dans ce pays qui était un des derniers pays européens à la pratiquer. Le film sortira ainsi en salle six mois plus tard (interdit aux moins de 18 ans) mais des bataillons de catholiques fanatiques se planteront devant les cinémas pour en empêcher l’accès aux spectateurs. Quant au producteur, aux réalisateurs et au co-scénariste du film, ils seront accusés d’outrage et de tentative de fraude contre l’État. Le procès, qui durera deux ans, sera finalement remporté par ces derniers. Mais pendant ce temps-là, ceux-ci seront privés de toute subvention pour leurs projets.

Début 2009, le procureur Piro qui avait été très agressif au moment du procès, déclarera au sujet d’une nouvelle affaire liant l’art et la religion (le Christ en érection de Federico Solmi): “Avec Totò qui vécut deux fois c’était différent, car ce film est une œuvre d’art.”

Le parcours de Cipri et Maresco

 

Propos de Franco Maresco (à partir d’une interview d’Éric Biagi datant de 2002)

interview complète article “Cipri & Maresco : deux trublions du cinéma et de la télévision”:http://www.lapenseedemidi.org

Daniele Ciprì et Franco Maresco ont commencé à travailler ensemble en 1986, réalisant plusieurs films expérimentaux pour une chaîne de télévision palermitaine, TVM. Après avoir travaillé pour la Fininvest avec le programme “Isole Comprese”, ils collaborent à “Blob” et “Fuori orario” sur RAI 3 (1990). Ils participent à “Avanzi”, puis commencent à produire une série extrême et provocante, qui bouleversera la télévision italienne : “Cinico TV”. Après divers courts-métrages auxquels collaborent certains grands noms du cinéma (Martin Scorsese, Samuel Fuller, Amos Gitai, Carmelo Bene), des films sur le jazz (en particulier avec Steve Lacy), de nombreux prix et plusieurs rétrospectives qui leur sont consacrées, Ciprì et Maresco dirigent leur premier long-métrage, Lo zio di Brooklyn (“L’Oncle de Brooklyn”) en 1995. En 1998, ils réalisent Totò che visse due volte (“Totò qui vécut deux fois”), qui leur vaut les foudres de la censure italienne. En janvier 2002, ils ont présenté à Venise un spectacle théâtral, Palermo può attendere (“Palerme peut attendre”).

Les débuts : courts-métrages pour la télévision
Daniele et moi nous sommes rencontrés en 1986, et nous avons tout de suite commencé à essayer de faire du cinéma, d’une manière plutôt ingénue au début, évidemment. Daniele, qui vient d’une famille de photographes, m’a fait découvrir la partie technique du cinéma. Moi, j’avais une expérience de ciné-club et je faisais des programmes de jazz à la radio. Nous avons très vite trouvé des points d’intérêt communs, en particulier le cinéma classique américain, le noir et blanc, Ford, Hawks, etc. Une autre passion importante a été celle pour le cinéma pornographique.
Pendant un an et demi nous avons fait des petits montages, des petits travaux en vidéo et les premiers courts-métrages, avec ceux qui plus tard deviendront les acteurs de base de “Cinico TV” : le cycliste Tirone, qui malheureusement est mort il y a quelques mois, Marcello Miranda, le barbu muet de Totò che visse due volte, etc. Comme il nous fallait du matériel, j’ai dit un jour aux propriétaires de la chaîne pour laquelle je faisais une émission pour les jeunes : “On pourrait vous fournir de petites émissions de jazz, de cinéma, etc., et vous, en échange, vous nous laissez monter, vous nous donnez le matériel.” C’est comme ça, d’une certaine façon, que nous avons commencé à nous autofinancer. A la fin des années quatre-vingt on envoyait déjà sur le petit écran ces flashes, dont on peut dire aujourd’hui que c’étaient des précurseurs de “Cinico TV”.
Nous avons découvert avec étonnement qu’il y avait une adhésion, une approbation. Elle se caractérisait déjà, comme cela se confirmera par la suite, par une sorte, non pas de fanatisme, mais de dévouement, de fidélité. Des gens se reconnaissaient dans ce que nous faisions, et nous avons compris que, tout compte fait, la route que nous étions en train de prendre n’était peut-être pas aussi folle, solitaire et sans issue.
En 1990 encore, nous avons envoyé à Enrico Ghezzi nos travaux, qui entre-temps étaient devenus beaucoup plus nombreux, car nous travaillions beaucoup. Les premiers épisodes de “Cinico TV” sont alors apparus.
Ce n’est qu’en 1995 que nous sommes arrivés au cinéma proprement dit, avec Lo zio di Brooklyn.

La démarche de Ciprì et maresco

Notre rencontre avec Daniele a été favorisée par le fait que nous ne venions d’aucune école. Nous venions de la “rue”, si l’on peut dire; nos familles étaient modestes, nous n’avions pas reçu d’instruction supérieure, nous n’avions pas fait les écoles de cinéma. Bref, nous étions des autodidactes, chacun à sa façon.
J’avais eu, et Daniele aussi, un rapport très conflictuel avec l’autorité, surtout avec l’école. Depuis mon adolescence, pour des raisons personnelles et familiales, j’étais plutôt intolérant à toute forme d’autorité. L’inconvénient d’être autodidacte, c’est qu’on manque de méthode, probablement. L’avantage, c’est qu’on n’est lié à aucun schéma rigide. Si on possède l’envie, l’enthousiasme, on acquiert une liberté incroyable, unique. Il n’y a qu’à voir dans le jazz par exemple : ce sont des gens libres qui ont ouvert des voies, les autres, ensuite, ont tenté de codifier. Erroll Garner était un autodidacte. Cette liberté absolue dans notre travail, c’est ce qui nous caractérise. C’est peut-être aussi ce qui rend difficile le travail avec nous, que ce soit pour un monteur ou pour un chef-opérateur : ce besoin d’entrer sans réserve dans notre cinéma. Si un technicien travaille sur le tournage de Ciprì et Maresco, il doit oublier ce qu’est l’école de cinéma et ce que disent les règles fondamentales du montage. Souvent, pour certains, c’est douloureux, parce qu’ils ont fait cinq ans d’école de cinéma. Tout ça pour que Ciprì et Maresco bousillent ce qu’ils ont appris !
Nous n’avons jamais voulu jouer aux transgresseurs. Tout ce que nous avons fait, nous l’avons fait de manière instinctive, parce que ça nous semblait juste comme ça, parce que ça nous plaisait de le faire de cette manière-là. Parce que nous avions cette formation “inculte”. Au début, nous nous sommes peu à peu détachés d’un petit groupe de personnes, parce qu’il était constitué en partie d’intellectuels, de théoriciens, qui avaient déjà digéré le cinéma, qui voulaient le faire comme ils l’entendaient. Daniele et moi, en revanche, cherchions à expérimenter. L’expérimentation est une chose très importante, mais il ne faut pas avoir conscience d’expérimenter, il ne faut pas se soucier de ce que peuvent dire les uns et les autres. Il faut le faire parce qu’on en a envie.
Nous avions, alors que nous commencions à faire des films, une soif, un appétit, un désir de vérifier et de tenter incroyables. Et comme en plus nous n’avions rien à perdre, nous nous sentions totalement libres. Cette liberté, nous l’avons parfois regrettée quand nous avons eu de plus grandes responsabilités productives, même si, je dois dire, nous avons toujours maintenu un niveau de “folie” assez élevé. A cause de nos origines modestes, il y a sans doute eu aussi chez nous une envie de revanche sociale, qui a constitué une motivation et une impulsion déterminantes pour notre travail.
Le Sud que nous montrons est totalement différent, malcommode, dérangeant. L’Italie – celle qui se réunit à dîner à huit heures moins le quart, qui est insouciante et inconsciente, qui pense qu’elle peut tranquillement enculer son prochain, que plus rien désormais ne l’arrêtera, ce pays hédoniste au maximum, qui a refoulé la mort, la pauvreté – voit arriver une autre Italie, représentant une réalité que la première voudrait bien effacer, celle des déshérités, des misérables, des malheureux. Elle comprend qu’elle n’est pas seulement Milan et le Nord-Est, mais qu’elle est faite aussi d’un Sud qui a des difficultés à s’accrocher. Ce Sud-là fait son cynique, il fait pitié, c’est un Sud qui casse les couilles, qui est féroce, bref il est vrai, authentique, il est fait de peau sale, de pets, de gens malades et de bossus. Et nous, voilà : nous le posons là, cinq minutes chaque jour.
L’emploi exclusif du noir et blanc est dû à notre commune passion pour le cinéma classique, américain en particulier, et au fait que nous n’aimions pas la couleur vidéo. Le noir et blanc deviendra une constante, parce qu’en travaillant à Palerme, avec ces personnages, ces hommes, il était très facile de tomber dans la vulgarité ou dans la platitude la plus absolue. Le problème (mais ça, on peut le dire maintenant, a posteriori) était de partir du réalisme pour le transcender et lui conférer une dimension abstraite, un peu métaphysique, absurde. Le noir et blanc permet de manière admirable de saisir cette dimension-là… En plus de toute une série d’autres éléments : la manière de montrer les choses, le découpage, le plan, les acteurs… Mais c’est vrai que le noir et blanc donne une touche particulière. Il y a des corps qui sont là, évidents, ce sont des corps qu’on pourrait mettre nus dans n’importe quel documentaire, dans n’importe quel journal télévisé. Mais de cette manière, avec cette conscience, ce regard, les personnages dépassent leur propre matérialité, ils deviennent énormes, épiques.