L’Aiguilleur

Un film de Jos Stelling

De Wisselwachter - Hollande - 1986 - Couleur - 1h37

Sortie en salles : 18 mars 1998

Une très belle femme descend par erreur d’un train par une nuit d’hiver. L’homme qui vit là, seul, s’occupe de l’entretien d’une gare perdue dans un paysage splendide. Coupés du monde, ils vont se livrer à un étrange jeu de séduction. Fasciné par cette femme mystérieuse, l’aiguilleur tentera tout pour l’empêcher de prendre le dernier train et la garder auprès de lui.

L'aiguileur

La presse

‘L’Aiguilleur’ est une merveilleuse surprise ! Mais qui est donc ce Jos Stelling qui produit ici une heure et demie de cinéma constamment déconcertant (imaginez Jacques Tati en visite chez Tarkovski) et pourtant si familier. Le réalisateur film à l’instinct, passant du poétique au burlesque et du burlesque à l’inquiétant. Libération

Comique de l’absurde fortement imprégné de surréalisme, le cinéma de Jos Stelling serait à la croisée d’un Jacques Tati et d’un Buster Keaton mâtiné de Samuel Beckett. Une oeuvre provocante et iconoclaste. Le Journal du Cinéma de Canal Plus

La force de la magie d’un rêve. Le Kinorama d’Arte

Une pincée de comique, un soupçon de fantastique et beaucoup de poésie. Une caméra qui tend à chaque instant vers le surréalisme. Des films qui errent au gré des émotions. Le 8 1/2 d’Arte

Un immense cinéaste au langage surprenant et à l’humour grinçant. Un descendant des grands peintres hollandais. A découvrir absolument. Le Panorama de France Culture

Il était temps de découvrir Jos Stelling, réalisateur hollandais hors norme et hors pair qui lâche des personnages de clowns muets dans des intrigues à la Kafka. Quelque part entre Fellini et… et quoi, au fait ? Inclassable, on vous dit. Le Nouvel Observateur

Dans ‘L’Aiguilleur’, les images-tableaux, la notion du temps, le burlesque décalé placent directement Jos Stelling à l’ombre de Beckett, de Tati et de Delvaux. ‘L’Illusionniste’, geyser de bouffées saugrenues et de rires, invoque Tati ou Fellini. Il donne aussi des racines au cinéaste Alex van Warmerdam (‘Les Habitants’, ‘Abel’). L’Express

Jos Stelling est l’un des cinéastes hollandais les plus originaux, travaillant ses images avec un soin d’orfèvre. Les Inrockuptibles

Absurde et inquiétant, visuellement impeccable, ‘L’Aiguilleur’ de Jos Stelling est une réussite. Le Canard Enchaîné

Un ton très personnel, un univers intrigant, qui annoncent un cinéaste à suivre. Télérama

D’un pays qui donna naissance à la fois à Dave et à Van Gogh, on peut tout attendre avec ravissement. La preuve: les films complètement disjonctés de Jos Stelling qui, après Alex van Warmerdam (‘Les Habitants’, ‘Abel’), nous enchantent. Drôle et insolite. Unique. Aden

Sortie tardive pour deux perles du cinéma hollandais, ‘L’Illusionniste’ et ‘L’Aiguilleur’, des merveilles d’imagination, de poésie et d’envolées vers d’autres univers si proches, au-delà des barrières d’une perception plate du monde. Mad Movies

Deux objets hybrides empreints d’une douce folie poétique. ***Première

Un traitement peu bavard mais d’une extraordinaire densité. Un bonheur pour les yeux, une douceur pour les oreilles. Création

Jos Stelling dérape, sous contrôle, d’un monde à l’autre. De l’humour au cauchemar. De la candeur à la lucidité. Envoûtant. Télémax

Cultivant un incontestable amour de l’absurde, Stelling se situe dans une veine humoristique baroque assez peu exploitée au cinéma, si ce n’est par un autre néerlandais, Alex van Warmerdam (‘Les Habitants’, ‘Abel’). Ciné-Live

C’est loufoque, poétique, inventif, magique, donc très étrange mais fascinant. Max

Jos Stelling, cinéaste autodidacte, signe peu, mais des oeuvres sacrément originales.
Quasiment pas de dialogues, une logique qui n’a rien à voir avec celle du commun, une image d’une beauté et d’une inventivité stupéfiantes: Le surréalisme a pris naissance pas loin d’Utrecht, d’où Jos Stelling est originaire. Le Figaro

Notes de production

Le sixième film de Jos Stelling, ‘L’Aiguilleur’, est tiré du roman du même nom de Jean-Paul Franssens, également peintre: il n’est donc pas surprenant que tout ce qui arrive soit si cinématographique.
Afin que ‘L’Aiguilleur’ ressemble exactement à ce qu’il voulait, Jos Stelling tourne le film tout au long de l’année avec quatre importants chefs opérateurs hollandais différents, un par saison.

‘Je voulais profiter du grand nombre de bons chefs opérateurs que nous avons en Hollande.
Il y a dans ce pays une importante culture de l’image, marquée par les documentaires hollandais des années 50, et je voulais montrer autant d’aspects que possible de ces talents.

Les extérieurs furent tournés en Ecosse car Jos Stelling voulait un pays, un lieu où les saisons étaient facilement identifiables.

‘ L’Ecosse a des étés chauds, agréables et très verts….et de si intenses hivers blancs où tout est recouvert par la neige. C’était parfait. Les intérieurs furent tournés dans une usine réaménagée de Hollande.’
Bien qu’étalé sur toute l’année, le tournage pris environ 40 jours.

Jos Stelling a porté un soin particulier à la composition de la partition musicale du film. Un tiers du budget, plus quelques deniers personnels, ont servi pour la composition de cette partition en Dolby stéréo dont le laboratoire à Londres a dit qu’il s’agissait de la meilleure musique de film qu’ils aient entendu depuis longtemps.

Comme dans ses précédents films, ‘L’Aiguilleur’ contient peu de dialogue.

‘ J’ai des problèmes avec les dialogues. Mes quatre autres films ont peu ou pas de dialogues. Je mets en scène mes histoires, sans que l’on y parle beaucoup. Un film est une façon visuelle de penser. Ca a plus à voir pour moi avec la musique , par exemple, qu’avec la littérature. Un film est une poésie de l’image. Je pense que les images vont droit à l’estomac et au coeur, alors que les textes et les dialogues parlent plus au cerveau. Je veux que mes films ressemblent plus à de la musique.
Mon style est très visuel, lié aux images. Je ne me concentre pas sur le texte mais je ne cherche pas à faire des films sans dialogues. Mes scripts sont pleins de dialogues, mais de façon étrange , à la fin ils ont disparu. Je n’y peux rien.

Quant au choix de Jim van der Woude, il compte autant que le roman de base quant à l’inspiration du film.
‘Je pensais à lui depuis le début. Il est tout d’abord mime, ainsi son approche du rôle intégrait ce que je cherchais très exactement. On peut tout lire sur son visage et dans la façon dont il bouge. Avant même d’avoir une idée précise de ce que je voulais, je savais que je voulais retravailler avec lui, qui tenait l’un des rôles principaux dans mon film ‘L’Illusionniste’.

‘Dans le rôle de la jeune femme en transit, je voulais une actrice parlant français. Stépane Excoffier est une actrice de théâtre de Genève. Je ne parle pas un mot de français et nous communiquions par gestes et expressions du visage. Cela m’a permis de travailler avec elle tout en la mettant en situation pour son personnage.

‘L’Aiguilleur’ échappe totalement à toute catégorisation.

‘Je n’aime pas exprimer les intentions de mes films, je préfère que chaque spectateur réagisse selon lui. Disons juste que, plus les yeux sont bons, plus le film l’est aussi’.

Biographie de Jos Stelling

Jos Stelling s’est crée au cours des années une forte réputation tout en donnant à sa carrière un tour particulier.

Né à Utrecht en 1945, il est un cinéaste autodidacte.Après avoir tourné deux documentaires et septs films de 100 minutes en huit et seize millimètres, il met huit ans à réaliser son premier film, ‘Marieken van Nieumeghen’, adaptation d’un miracle de la littérature hollandaise médiévale. Jos Stelling réunit un groupe d’amis les week-ends pour tourner ce qu’il appelle un documentaire du Moyen-Age. Il rassemble les invalides et les personnes âgées, leur retire leurs prothèses et leurs fausses dents, les habille de haillons et organise une beuverie dans une grange délabrée, boueuse, et au milieu de porcs égarés. Il s’agit de l’histoire d’une jeune femme qui a vécu avec le diable pendant sept ans et qui est secourue par la Vierge Marie. ‘Marieken van Nieumeghen’ a été montré en sélection officielle à Cannes en 1975, exploit qui reste inégalé à ce jour pour un film hollandais.

Son film suivant, ‘Elckerlyc’ (‘Tous les hommes’), s’inspire aussi d’une pièce médiévale du même nom. Tourné sur plus de trois semaines dans un château du 13e siècle près de Gand, c’est un film plus modeste dans sa conception et sa réalisation. Son projet suivant, ‘Rembrandt Fecit 1669’, remporte des prix à Asolo et Cork, mais il reconnaît alors qu’il doit apprendre à diriger ses acteurs et avec ‘De Pretenders’, il surprend la critique comme son public.

‘De Pretenders’, petit fait plus ou moins autobiographique se penche sur le week-end de l’été 1962 quand Marilyn Monroe se suicida. Dans le snack d’un quartier populaire en Hollande, un groupe de jeunes est occupé à faire des plans pour le futur, que peu d’entre eux réaliseront. ‘J’ai choisi cet événement car il marque pour moi la fin des ‘attitudes’ des années 50 et le vrai début de l’esprit des années 60.’ Ce film fait définitivement de Jos Stelling un cinéaste et fut particulièrement bien reçu dans les festivals internationaux.

Avec ‘L’Illusionniste’, son film suivant, c’est le succès tant national qu’international. Il fait ce film en collaboration avec Freek de Jonge, comédien et artiste de café-théâtre le plus populaire de Hollande. Il reçoit en 1984 Le Veau d’Or, pour la meilleure fiction hollandaise et reçoit, entre autres, des prix aux Festivals d’Orléans et de Sao Paulo. Adaptation libre du thème de Caïn et Abel, ‘L’Illusionniste’ est situé dans un paysage hollandais archétypal et mythique: des étendues de pâturages et d’eau.

C’est dans un poste de surveillance isolé que se passe ‘L’Aiguilleur’. La vie paisible d’un aiguilleur dévoué se trouve dérangée alors qu’une femme descend d’un train par erreur. Cette comédie poétique sur le désir refoulé et une passion déferlante est à nouveau un succès international, récompensée par le prix du Jury des Journées du Cinéma Hollandais, le prix du public à Sao Paulo et Fantasporo.

Il tourne ensuite ‘Le Hollandais volant’ sélectionné en compétition pour le Festival de Venise en 1995 et un court-métrage pour le programme ‘Contes Erotiques’ de la chaîne de télévision allemande WDR qui a remporté le Veau d’Or à Utrecht, un Griffon d’or à Saint-Petersbourg et la Rose d’or de la presse à Montreux.
Actuellement, Jos Stelling prépare un nouveau film:’ No Planes (no trains)’.

En dehors d’être l’un des réalisateurs hollandais les plus originaux, Jos Stelling a fait énormément pour la vie culturelle hollandaise à travers l’enthousiasme qu’il a mis à créer et organiser ‘Les Journées du Cinéma Hollandais’. Ce Festival a lieu tous les ans sous son patronage à Utrecht, en septembre.

Il est également le propriétaire d’un cinéma ‘Art et Essai’ de deux salles, sous ses bureaux, au coeur d’Utrecht.

Récompenses

  • Prix spécial du jury et du meilleur acteur, Festival du film hollandais
  • Prix du public, Festival de Sao Paulo
  • Prix spécial du jury et de la meilleure photographie, Festival de Madrid
  • Prix du public international, du meilleur acteur et mention spéciale pour la photographie, Festival d’Oporto
  • Mention du jury, Festival de Venise
  • Mention spéciale, Festival d’Avoriaz
  • Prix spécial du jury, Festival Fantastique de Bruxelles